Voilà le plus ancien souvenir que j'ai de mon enfance : je me ballade tranquillement avec ma maman, j'ai quoi ? 4 ou 5 ans, peut-être moins, lorsque me vient une envie de pis***. Ma chère et tendre me montre un petit sapin, d’ailleurs plus probablement un épicéa, pour aller faire mon affaire derrière. J'y trotte tout souriant, traverse la pelouse, déballe l'organe pour évacuation, quel soulagement !
Soudain, mon regard perdu rencontre une étrange information : j'aperçois, depuis mes 3 pommes et demie, et à quelques centimètres de mon visage, un amas suspect, difforme, semblant quelque peu gluant, plusieurs lignes blanches peintes dans une masse transparente ; le tout descend curieusement, et rapidement, accroché à quelques fils qui semblent venir de ci-haut... Et c'est là que je la vois, surplombant et accompagnant le mouvement de sa propre sécrétion. Immense, tigrée, teintée de jaune et nuancée dans le violacé, agitant ses membres velus gigantesques comme les dizaines d'automates bien réglés d'une chaîne de montage dans une usine de voitures ! Le choc est à rebours, tellement la vision s'inscrit profondément en moi.
Mais je finis tout de même par partir en hurlant :-)
Imaginez l'expérience pour cet enfant élevé dans une ambiance des plus aseptisée.
Toujours est-il que c'est là qu'est née mon ambivalence pour ces animaux venus d'une autre planète car aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été tout à la fois effrayé autant que fasciné par les araignées, elles ne peuvent me laisser indifférent.
Et puis l'eau a coulé sous les ponts et mon amour pour elles n'a cessé de grandir…